Disparition de Michel Debus

Dimanche 2 octobre, Michel Debus, grand brasseur alsacien, est décédé à l’âge de 95 ans à son domicile de Schiltigheim. Fils et petit-fils de brasseur, il avait repris l’entreprise familiale en 1956, après de longues études brassicoles à Nancy, mais aussi à Weihenstephan près de Munich, ainsi qu’à Zurich en Suisse. A la tête de Fischer (appelée aussi brasserie du Pêcheur) d’Adelshoffen sa voisine, il a va développer des bières dans le respect des traditions alsaciennes, mais il se révèle au fil des années d’une grande créativité, lançant ainsi l’ambrée Adelscott (à base de malt à whisky), puis la 3615, bière « amoureuse » vendue uniquement sur Minitel, la Kingston aromatisée au rhum, et surtout Desperados, aux arômes de tequila, succès international dont beaucoup pensaient qu’elle est originaire du Mexique. Parallèlement, il s’était lancé seul à l’assaut de la fameuse loi de pureté allemande, qui était surtout un puissant système protectionniste pour les bières allemandes, et obtiendra en 1987, après des années de bataille juridique, gain de cause auprès des instances européennes.
Brutalement, en 1996, Michel Debus est évincé de la propriété de ses deux brasseries, rachetées par le groupe Heineken. Bien que très affecté par ce rachat, il n’entend pas couper les ponts avec le monde de la bière, bien au contraire. Quelques années après, il investit dans la brasserie artisanale Kohler-Rehm, créée par son vieil ami Albert Gass, ancien maître-brasseur de Schutzenberger, qui prendra ensuite le nom de Storig en s’installant à Schiltigheim. Mieux, il ouvre il y a quelques années un restaurant à son nom, où les bières sont élaborées sur place, et situé dans l’ancienne villa Weber, seul bâtiment subsistant de l’ancienne brasserie Adelshoffen. Joli pied de nez à l’histoire de l’homme aux superbes cravates lavallière.